lundi 13 octobre 2014

Ecotaxe : quand Marie-Segolene Royal se moque de nous

Vraiment, les sujets sur lesquels on peut critiquer les socialistes ne manquent pas. Mais le traitement du dossier écotaxe montre à quel point ils se moquent du monde. 

L'écotaxe, c'est quoi ? 

C'est d'abord une taxe comportementale, avec tout ce que cela induit d’ambiguïté. En effet, l'écotaxe a pour principe de base de taxer une activité polluante, le transport routier (diésélisé), ce qui devrait avoir pour effet de réinternaliser une partie des coûts environnementaux (l'usure des route et l'émission de CO2). Le produit de la taxe, lui, est censé financer le développement d'alternatives à la route, telles que le fret ferroviaire ou les trams. 

Que penser de ce principe ? Ça se discute. D'un coté, on peut se dire que, fondamentalement, donner un prix à la nature est une excellente chose. En effet, si on pense que chacun, quoi qu'il fasse, doit payer lui même tous les coûts liés à son activité, afin d'éviter les phénomènes de passager clandestin, alors l'idée d'une écotaxe est une excellente chose. D'ailleurs, la branche libertarienne de l'écologie ne dit pas autre chose que le fait qu'il faille que les pollueurs soient des payeurs, et que la nature devrait avoir des propriétaires clairement identifiés. 
Mais d'un autre coté, l'entretien des routes ou le financement des hôpitaux est, en France, déjà plus que payé par les impôts. De plus, la circulation automobile est déjà lourdement taxée, que ce soit par la TVA ou par la TIPP, sans parler des péages autoroutiers. On peut donc légitimement se dire que les usagers de la route sont déjà, globalement, des contributeurs nets au budget de l'Etat. Alors que la SNCF peine à payer ses péages ferroviaires, les automobilistes, eux, paient notamment une TIPP qui fait plus que payer les routes.

Le principe du pollueur payeur existe déjà en France :il consiste en la lourde addition payée par les automobilistes. 

Ceci étant dit, l'écotaxe telle qu'elle a été mise en place en France, par une majorité de "droite" et du centre (Borloo) et avec l'appui unanime de l'opposition socialiste, en 2006, répond aussi à d'autres objectifs : elle vise aussi à faire payer ces gros méchants camions qui traversent le pays avec leurs tomates espagnoles envoyées à Rotterdam, et qui ne dépensent pas un euro en France, les petits malins. En imaginant que ces camions décident de prendre autre chose que les autoroutes à péage, alors ils contribueront grâce à l'écotaxe. En effet, dans la réalité, parfois des alternatives routières existent, comme certaines nationales (RCEA, Bretagne, Landes etc). 

Du coup, sachant que l'écotaxe répond à un objectif à la fois environnementaliste et budgétaire et qu'elle a été adoptée à une quasi unanimité, fallait-il que la gauche critique son déploiement, par le biais du dispositif Ecomouv ?

On peut reprocher beaucoup de chose à Nathalie Kosciusko Morizet ou à Dominique Bussereau, mais force est de constater que les deux anciens ministres Sarkozystes ont completement assumé le contrat Ecomouv et qu'ils ont répondu clairement à la commission d'enquête parlementaire dont la mise en place visait à répondre à la question suivante : est-il normal qu'Ecomouv prélève 20% des sommes qu'elles collectera ? La réponse, si on compare avec ce qui se passe chez nos voisins où des dispositifs comparables existent (Allemagne, Rep; Tchèque) est acceptable : la France, du fait de ses autoroutes payantes, ne va déployer Ecomouv que sur un perimètre restreint, les fameuses grandes nationales, ce qui fait que les énormes couts fixes d'Ecomouv seront répartis sur un kilométrage non optimal. De plus, la commission d'enquête parlementaire a clairement montré que l'administration n'aurait pas été techniquement capable de concevoir et déployer l'infrastructure mise en oeuvre par Thales et la SNCF, partenaires dans Ecomouv, à savoir des portiques de controle et des boitiers émetteurs embarqués. 

Dans ce contexte, est-il acceptable que Marie-Ségolène Royal remette en cause l'ecotaxe, surtout sans nous expliquer quelles économies elle compte faire, et en promettant d'aller taxer d'autres, en l'occurence des sociétés d'autoroute ?

Les baisses d'impots, c'est bien, tout le monde achète, y compris les suppressions de nouvelles taxes. Mais la démagogie politicienne ? 

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